Prêt Viager Hypothécaire : Enjeux et Fonctionnement

 Le Prêt Viager Hypothécaire est un financement singulier, quels en sont ses enjeux et son fonctionnement

Le prêt viager hypothécaire (PVH) est un outil de financement qui permet à un propriétaire d’un bien immobilier de débloquer des liquidités sans être obligé de vendre immédiatement son bien.

Contrairement au viager traditionnel, le propriétaire reste titulaire de son bien et ne verse pas de rente à l’acquéreur. Le remboursement du prêt n’intervient qu’au décès de l’emprunteur ou lors de la vente du bien.

Il constitue ainsi un mécanisme pertinent pour les personnes âgées souhaitant compléter leurs revenus sans se déposséder immédiatement de leur patrimoine.

Le PVH est régi par des règles strictes en matière de protection de l’emprunteur, mais il présente également des enjeux patrimoniaux et successoraux complexes qui nécessitent une analyse approfondie. Si vous souhaitez suivre une formation continue sur le PVH  

  1. Définition du prêt viager hypothécaire et cadre juridique du PVH

1.1. Définition

Le prêt viager hypothécaire est défini à l’article L.314-1 du Code de la consommation comme un crédit consenti par un établissement financier à une personne physique, propriétaire d’un bien immobilier.

Ce prêt est garanti par une hypothèque sur ce bien. Le montant du prêt est généralement limité à un pourcentage de la valeur du bien, évalué par un expert, et dépend également de l’âge de l’emprunteur.  

Le remboursement de ce prêt intervient soit au décès de l’emprunteur, soit lors de la vente du bien. En cas de décès, ce sont les héritiers qui devront rembourser le capital et les intérêts. Toutefois, le montant total de la dette ne peut pas excéder la valeur du bien, ce qui limite les risques pour les héritiers.  

1.2. Cadre juridique

Introduit par la loi du 25 mars 2006, le prêt viager hypothécaire est régi par le Code de la consommation (article L.314 et suivants).

L’objectif de cette loi était de proposer une alternative au viager immobilier, souvent critiqué pour son manque de flexibilité et les aléas liés à l’espérance de vie. Ce dispositif vise également à protéger les emprunteurs âgés contre une dilapidation prématurée de leur patrimoine.  

Le décret n°2006-1540 du 6 décembre 2006 complète cette loi en précisant les modalités de remboursement anticipé, les plafonds d’indemnités, ainsi que les conditions de suspension ou de rééchelonnement des versements.  

  1. Fonctionnement du PVH

2.1. Remise des fonds

Le prêteur doit remettre les fonds selon les modalités convenues avec l’emprunteur, soit sous forme de capital unique, soit sous forme de versements périodiques.

Cette souplesse dans la remise des fonds permet à l’emprunteur d’adapter le prêt à ses besoins financiers, que ce soit pour compléter ses revenus ou pour financer un projet.  

Dans le cas de versements périodiques, il est impératif que l’offre de prêt distingue clairement l’échéancier des versements de celui des intérêts, afin d’éviter toute ambiguïté. L’article L.314-12 du Code de la consommation stipule également que l’emprunteur peut suspendre ou rééchelonner les versements à tout moment.  

2.2. Indemnité de remboursement anticipé

L’emprunteur peut rembourser le prêt par anticipation, mais le remboursement partiel doit porter sur un montant minimum équivalent à 10 % du capital versé.

Le Code de la consommation prévoit également un plafond pour les indemnités de remboursement anticipé, qui varie en fonction de la durée du prêt.  

Par exemple, si l’emprunteur souhaite rembourser son prêt dans les quatre premières années, le prêteur ne peut exiger plus de 4 mois d’intérêts sur le capital à rembourser.

Ce plafond est ensuite réduit à 2 mois d’intérêts entre la cinquième et la neuvième année, et à 1 mois d’intérêts au-delà de la dixième année.  

2.3. Exigibilité du prêt en cas d’aliénation

Le prêt devient exigible en cas d’aliénation du bien hypothéqué, c’est-à-dire si l’emprunteur décide de vendre son bien de son vivant.

Toutefois, l’exigibilité automatique du prêt n’est pas expressément mentionnée dans l’article L.314-1 du Code de la consommation, ce qui peut laisser place à des interprétations.  

En cas de désaccord sur la valeur du bien lors de la vente, un expert peut être désigné pour procéder à une estimation impartiale.  

  1. Les enjeux successoraux du PVH

3.1. Le terme du contrat

Le terme du prêt viager hypothécaire correspond en principe au décès de l’emprunteur.

Si le contrat a été souscrit par des co-emprunteurs, l’exigibilité n’intervient qu’au décès du dernier survivant, ce qui protège le conjoint co-emprunteur (article L.314-13).   Toutefois, dans certaines situations, comme le démembrement de la propriété du bien (usufruit et nue-propriété), le prêt peut devenir exigible dès le premier décès.

Cette situation peut mettre en péril la vocation successorale du conjoint survivant si des mesures préventives n’ont pas été prises, comme le cantonnement de l’usufruit.  

3.2. Montant plafonné de la dette

L’un des avantages majeurs du prêt viager hypothécaire est que la dette due au terme du contrat ne peut pas excéder la valeur du bien hypothéqué.

Ce mécanisme protège les héritiers, car ils ne seront jamais tenus de rembourser une dette supérieure à la valeur du bien.  

En cas de remboursement anticipé à l’initiative de l’emprunteur, le capital et les intérêts doivent être remboursés intégralement, sans application du plafonnement.  

3.3. Choix des héritiers : payer ou délaisser le bien

Les héritiers ont la possibilité de rembourser la dette ou de laisser le créancier saisir et vendre le bien. En l’absence de remboursement, le créancier pourra exercer ses droits, notamment en poursuivant la saisie et la vente du bien hypothéqué.

Toutefois, le créancier ne pourra jamais réclamer plus que la valeur du bien, estimée au moment de la vente.  

Dans le cas où les héritiers décident de rembourser la dette, celle-ci sera plafonnée à la valeur du bien, telle qu’évaluée au jour de l’ouverture de la succession.

Si les héritiers choisissent de ne pas rembourser la dette, le créancier pourra se faire attribuer le bien hypothéqué.  

  1. Cas pratiques et implications patrimoniales

4.1. Démembrement de propriété et droit viager au logement

L’un des cas épineux dans le cadre du prêt viager hypothécaire est celui où, au décès du premier emprunteur, le bien devient la propriété conjointe des héritiers en nue-propriété et du conjoint en usufruit.

Ce démembrement peut entraîner l’exigibilité immédiate du prêt, mettant ainsi en péril le droit du conjoint survivant à rester dans le logement.  

Il est donc important d’anticiper ces situations en prévoyant, par exemple, des dispositions testamentaires ou un mandat à effet posthume pour protéger les intérêts du conjoint survivant.  

4.2. Prêt viager hypothécaire et impôt de solidarité sur la fortune (ISF)

La dette liée au prêt viager hypothécaire peut être déduite de l’assiette de l’ISF, ce qui constitue un avantage non négligeable pour les contribuables soumis à cet impôt.

En effet, la dette étant plafonnée à la valeur du bien, elle peut réduire la base taxable, notamment en cas de succession.  

4.3. Comparaison avec la vente en viager

Le prêt viager hypothécaire présente des similitudes avec la vente en viager, mais les deux mécanismes sont fondamentalement différents.

Dans le cas d’une vente en viager, le vendeur cède immédiatement la propriété du bien à l’acheteur tout en conservant un droit d’usage (usufruit ou droit d’habitation).

En revanche, le PVH permet à l’emprunteur de conserver la pleine propriété de son bien jusqu’à son décès, tout en débloquant des liquidités.  

Le risque principal pour les héritiers d’une vente en viager réside dans la perte totale du bien, tandis que dans le cas du PVH, la dette est limitée à la valeur du bien au moment du décès.  

  1. Les obligations de l’emprunteur dans le cadre du Prêt Viager Hypothécaire

5.1. Obligation d’entretien du bien en bon père de famille

L’un des engagements pris par l’emprunteur lors de la souscription d’un prêt viager hypothécaire est d’entretenir le bien mis en garantie en “bon père de famille”.

Cette obligation découle de la nécessité de préserver la valeur du bien immobilier, qui constitue la garantie principale pour le prêteur.   Le terme “bon père de famille” fait référence à une notion juridique ancienne, aujourd’hui remplacée par l’expression “personne raisonnable”.

Cela signifie que l’emprunteur doit veiller à maintenir le bien en bon état général, notamment en réalisant les travaux d’entretien courants (réparations de toiture, ravalement de façade, entretien des installations électriques et de plomberie, etc.).

Le but est de s’assurer que la valeur du bien ne se détériore pas, ce qui pourrait affecter la capacité du prêteur à récupérer le montant prêté en cas de non-remboursement.  

Si l’emprunteur ne respecte pas cette obligation, le prêteur pourrait invoquer une dépréciation injustifiée du bien et éventuellement demander un remboursement anticipé du prêt. En pratique, cela pourrait également entraîner une diminution du montant récupéré lors de la vente du bien, au détriment des héritiers.  

5.2. Obligation de prévenir le prêteur en cas de changement d’affectation du bien

Un autre engagement fondamental pour l’emprunteur est de prévenir le prêteur en cas de changement d’affectation du bien mis en garantie.

L’affectation du bien correspond à l’usage ou la destination du bien immobilier (résidence principale, secondaire, bien à usage locatif, etc.).   Dans le cadre d’un prêt viager hypothécaire, le prêteur évalue la valeur du bien en fonction de son usage initial.

Un changement de cette affectation, sans en informer le prêteur, pourrait modifier le risque que ce dernier a accepté au moment de l’octroi du prêt. Par exemple, transformer une résidence principale en un bien locatif pourrait entraîner une dévalorisation ou une altération de la nature du bien, ce qui aurait un impact sur la garantie.  

En cas de changement d’affectation du bien, l’emprunteur est donc tenu de notifier le prêteur avant de procéder à la modification. Le prêteur pourra alors évaluer si cette modification affecte la valeur du bien et s’il est nécessaire d’ajuster les conditions du prêt.

En l’absence de notification, l’emprunteur pourrait être considéré en situation de non-respect de ses obligations contractuelles, ce qui pourrait entraîner des pénalités ou même un remboursement anticipé du prêt.  

  1. Conséquences de la non-exécution des obligations

6.1. Non-entretien du bien

Si l’emprunteur omet de maintenir le bien en bon état, le prêteur dispose de recours légaux pour protéger ses intérêts.

En cas de détérioration significative du bien, le prêteur pourrait exiger une évaluation du bien pour vérifier la réduction de sa valeur. Si cette réduction est importante, elle pourrait conduire à une exigence de remboursement anticipé du prêt.

Dans certains cas, des indemnités peuvent également être demandées pour compenser la perte de valeur.  

6.2. Changement d’affectation non déclaré

Dans le cas d’un changement d’affectation non déclaré, les conséquences peuvent également être lourdes pour l’emprunteur.

Le prêteur pourrait considérer que les conditions initiales du prêt ont été modifiées sans son consentement, ce qui pourrait justifier une demande de remboursement anticipé du capital prêté, avec les intérêts.

Le non-respect de cette obligation pourrait également entraîner des sanctions contractuelles, telles que des pénalités financières.  

  1. Quel risque du Prêt viager hypothécaire pour la banque

Le prêt viager hypothécaire (PVH) présente des risques pour le prêteur, malgré ses avantages pour les emprunteurs âgés ou ayant des difficultés d’accès au crédit. Voici les principaux risques auxquels le prêteur est confronté :  

7.1 Risque lié à la durée du prêt

Contrairement à un prêt classique, la durée du PVH n’est pas déterminée à l’avance. Le remboursement intervient à la vente du bien, souvent après le décès de l’emprunteur.

Cette incertitude sur la durée du prêt complique l’évaluation de la rentabilité. Si l’emprunteur vit plus longtemps que prévu, le montant des intérêts peut devenir plus important que la valeur du bien, notamment en cas de dévaluation du marché immobilier .  

7.2 Fluctuation du marché immobilier

Le montant que le prêteur pourra récupérer dépendra de la valeur du bien au moment de la vente. Si la valeur est inférieure à celle estimée au moment de la signature du prêt (par exemple, à cause d’une crise immobilière ou d’un manque d’entretien), le prêteur risque de ne pas récupérer l’intégralité du capital prêté et des intérêts accumulés .  

7.3 Accumulation des intérêts

Le capital et les intérêts sont remboursés à la fin du prêt, ce qui entraîne une accumulation d’intérêts au fil des années. Cela accroît le risque que la dette dépasse la valeur du bien mis en garantie. Pour éviter ce scénario, le prêteur doit être très attentif à l’espérance de vie de l’emprunteur, car une espérance de vie prolongée peut conduire à des pertes financières significatives .  

7.4 Maintenance et gestion du bien

Bien que l’emprunteur ait l’obligation d’entretenir le bien “en bon père de famille”, le prêteur est exposé à des risques si cet entretien est négligé.

Si l’état du bien se détériore ou si l’emprunteur change l’affectation du bien sans en informer le prêteur, la valeur de la garantie peut être réduite, augmentant ainsi le risque pour le prêteur de ne pas récupérer l’intégralité de la somme prêtée .  

Ces risques montrent que même si le PVH offre des opportunités pour certaines catégories d’emprunteurs, il présente également des dangers importants pour le prêteur en matière de gestion du temps, de la valeur de l’actif et de l’accumulation des intérêts.  

Ce que l’on peut retenir du prêt viager hypothécaire

  En conclusion, le prêt viager hypothécaire (PVH) est une solution financière offrant aux emprunteurs, en particulier ceux ayant des difficultés d’accès au crédit classique, la possibilité de monétiser la valeur de leur patrimoine immobilier sans devoir quitter leur logement.

Ce produit est particulièrement adapté aux personnes âgées souhaitant améliorer leur niveau de vie tout en continuant de résider dans leur domicile.  

L’emprunteur bénéficie de plusieurs avantages avec ce type de prêt, tels que la possibilité de rester dans le bien jusqu’à son décès, l’absence de remboursement régulier pendant la durée du prêt, et la possibilité de souscrire à ce produit même sans revenus significatifs.

Cependant, le PVH impose à l’emprunteur certaines obligations, comme l’entretien du bien “en bon père de famille” et l’information du prêteur en cas de changement d’affectation du bien, pour préserver la valeur de la garantie.  

Pour le prêteur, bien que le prêt viager hypothécaire présente des opportunités de financement intéressantes, il comporte plusieurs risques notables. Ces risques incluent l’incertitude liée à la durée du prêt, la fluctuation du marché immobilier pouvant affecter la valeur du bien, l’accumulation d’intérêts sur une longue période, et les conséquences d’un mauvais entretien du bien.

La combinaison de ces facteurs peut entraîner des pertes pour le prêteur si la valeur du bien ne couvre plus le montant total du prêt, y compris les intérêts accumulés.  

En somme, le prêt viager hypothécaire est un produit financier à double tranchant. Il offre des solutions de financement aux emprunteurs âgés tout en exposant les prêteurs à des risques importants, nécessitant une gestion rigoureuse et une évaluation précise des actifs immobiliers mis en garantie.     cib formation logo

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